vous êtes ici...

Le système NN3789 se situe sur la bordure extérieure sur une bande étroite séparant les territoires des Amériques Unis (AU) et de l’Union des Peuples Progressistes (UPP).
En 2147, une sonde automatisée SEEGSON en provenance de l’amas de Crestus à 3 parsec delà, détecta la présence d’eau liquide dans ce système et les données transmises.

Au vue de la proximité des territoire UPP, la SEEGSON demanda l’appui des AU pour monter une mission d’exploration. L’USCSS FREMONT affrété par la SEEGSON accompagné de l’USCMC OBAMA entrèrent dans le système en 2149.
Une fois passé le disque (particulièrement vaste) de la jovienne, ils découvrirent dans la zone d’habitabilité de l’étoile (type GV) une planète tellurique à fort potentiel.



LK-176, ou Thétis comme l’appellerait plus tard les premiers colons, est un monde aquatique à forte gravitée (1.3g). Trois satellites naturels orbitent autour de Téthis, deux petits (Belus 0.4g / Neleus 0.3g) en orbite proche et un massif (Agénor 0.7g) plus éloigné.
L’absence de terres émergées sur LK-176 obligea dans un premier temps la SEEGSON à choisir une tête de pont pour la colonisation du système. Agénor serait cette tête de pont.



Le reste du système se compose de deux petites planètes telluriques trop proche de leur étoile pour être viable, et d’une géante gazeuse possédant un immense anneau et de nombreux satellites.

On note la présence de deux ceintures d’astéroïdes exploitable, une interne et une externe.

L'exploration du système NN3789 permit à la SEEGSON de développer une stratégie de colonisation viable économiquement et de manager une exploitation efficace de ses ressources.




Rapport Synthétique NN3789 SEEGSON 04.15.2150

M1, planète tellurique, dépourvue d’atmosphère.
Températures comprises entre -173°C et 423°C.
Les mouvements de marée due à sa proximité de l’étoile provoquent une forte activité volcanique.
=> colonisation/exploitation impossible.

M2, planète tellurique, présence atmosphère.
Atmosphère dense composé à 96% de dioxyde de carbone et à 3% de diazote (puissant effet de serre).
Températures comprises entre -220°C et 477°C.
On note la présence d’une forte activité électrique (foudre) dans les différentes couches de l’atmosphère de M2.
=> colonisation/exploitation impossible.

Thétis, planète tellurique aquatique à forte gravité (1.3g), présence atmosphère (compatible vie humaine).
Aucunes terres émergées, vents puissants et fortes tempêtes.
Présence de trois satellites naturels (système de marées particulièrement complexe).
Températures moyenne de 24°C.  Salinité moyenne de 38%o. Atmosphère : 22% dioxygène / 77 % diazote / 1% autres gaz.
Pas de vie complexe endémique. Vie microscopique florissante : phytoplancton, protozoaire, bactérioplancton, et autres virus.
Probable réserves en pétrole et en gaz naturel sous le plancher océanique.
=> Exploitation prioritaire, fort potentiel de développement (biomed, aquacole, hyrdrocarbures).

Agenor, protoplanète tellurique (0.7g), présence atmosphère (mince, diazote).
Température moyenne de – 42°C.
Fort champ magnétique (gros noyau ferreux) .
Couches géologiques riches en différents minéraux d‘intérêt (oxyde de fer, titane, molybdène, nickel, cuivre...),
présence de terres rares à confirmer.
Présence de canyon et d'ancien bassin sédimentaire, présence d’eau liquide antérieure.
=> Colonisation réalisable, investissement limité, retour sur investissement à moyen terme.

Belus, astre rocheux (0.4g), dépourvu d'atmosphère.
Température moyenne de – 121°C.
Présence épaisse couche de régolithes.
=> colonisation/exploitation non rentable.

Neleus, astre gelé (0.3g).
Température moyenne de – 163°C.
Grande quantité d’eau douce.
=> colonisation/exploitation non rentable.

G1, géante gazeuse (jovienne), présence d’une centaine de satellites de tailles diverses dans les anneaux.
Inclinaison et la densité de ses anneaux (particulièrement étendus) dégradent fortement les communications sub-spatiales.
Atmosphère : méthane / eau
=> exploitation réalisable, recyclage station de pompage orbitale, retour sur investissement court terme.

Ceinture d’astéroïdes interne : type silicaté (extraction silice, fer et magnésium)
Ceinture d’astéroïdes externe : type métallique (extraction fer, nickel, or, platine…)
=> exploitation non rentable.

La SEEGSON opta dans un premier temps pour un recyclage d’une station orbitale de la Intergalactic Mining Compagny récupérée lors du démontage de la corpo concurrente quelque mois plus tôt.
La station fut donc tractée et mise en orbite de G1 le dernier trimestre 2150. Une équipe d’une demi-douzaine d’opérateurs ainsi qu’une force vive de working joe furent affectés à la production de méthane liquide pompé directement dans l’atmosphère de la jovienne.

Sur les trois années qui suivirent, la SEEGSON investi massivement dans le système NN3789 et la colonie polaire d’Agenor sortie de terre fut officiellement ouverte en 2152.
Situé au sein d’un cratère de 4Km de diamètre, la colonie utilise la technologie SEEGSON de module pressurisé à atmosphère contrôlée.
L’intérêt de cette technologie (outre son coût…) est une mise en œuvre facilité par l’assemblage de modules préfabriqués par la SEEGSON sur les colonies indépendantes du noyau.
En à peine 6 mois, avec une politique « avantageuse » de colonisation / mutation de personnel, la colonie fut opérationnelle et l’extraction de minerais fut rapidement mise en place ouvrant la voie à l’exploitation de Thétis.

La première station off-shore ouvrit sur Thétis en juin 2153, et des lignes régulières entre le système NN3789 et l’amas de Crestus mise en place dès septembre 2153 pour écouler la production de brut.

Durant la décennie suivante, le système rapporta des bénéfices plus que confortables à la SEEGSON équilibrant certaines branches déficitaires de l’entreprise.
La colonie d’Agenor se développa par l’installation de nouveaux modules, les plateformes off-shore se multiplièrent, et un autodock mis en orbite géostationnaire de Thétis.
Le trafic s’intensifia sur la ligne régulière qui devint mensuelle.

Des investissements non maitrisés de la SEEGSON sur le marché des synthétiques associés à une chute brutale des cours de l’énergie au second trimestre 2164 obligea l’entreprise à réagir.
L’exploitation de la jovienne devenue moins rentable fut stoppée, seul les working joe furent laissés sur la station pour assurer une maintenance.
Sur Agénor, des espaces de travail furent alloués dans la colonie pour de nouveaux acteurs et c’est ainsi que Live Corp et Nova Corp obtinrent leurs laboratoires.
Ces changements redonnèrent un élan appréciable aux activités de l’entreprise se concrétisant en 2169 par l’ouverture d’une ile artificielle sur Thétis pour la centralisation,
le traitement, et le raffinage des produits pétroliers.

Une activité suspecte fut décelée en 2171 sur la station de pompage de la jovienne.
Après investigation il apparu que des « indépendants » avaient réussi à prendre possession des lieux et réactiver les systèmes vitaux de la station.
La SEEGSON voulu faire valoir ses droits, mais abandonna rapidement et un contrat de bon voisinage fut négocié.

En 2172, la découverte par une équipe de géologues d’un gisement de palladium à 400Km au nord est de la colonie rebattit les cartes géostratégiques, ce qui offrit l’occasion aux Amériques Unis de prendre le contrôle du site de production.
Le palladium composant majeur de la fabrication des canons électromagnétiques HPV (hypervelocity projectile) est une ressource de type militaire, sa gestion tombait de fait dans le giron gouvernemental.
La SEEGSON peu encline à laisser l’exploitation de cette ressource au gouvernement fut bien obligée de plier lorsque l’USCMC Cleveland entra dans le système.
L’équipe dirigeante fut « renouvelée » et un marshal affecté pour faire respecter la Loi sur une population grandissante. Les quelques récalcitrants aux changements furent mutés sur les plateformes de Thétis.
Un hyperloop fut construit pour relier la mine à la colonie dans l’année, et l'unité d’extraction et de traitement automatisé du palladium (technologie Weyland-Yutani) devint opérationnelle au dernier trimestre 2174.

Aujourd’hui (2183), le système NN3789 alimente en Palladium et en hydrocarbure l’amas de Crestus.
Mais la SEEGSON cherche diversifier ses clients en établissant de nouveaux contrats d’approvisionnement notamment avec les systèmes voisins.
L’activité historique SEEGSON d’extraction de minerais et de métallurgie sur Agenor est déclinante, et cela se ressent sur l’entretien général des infrastructures.
Live Corps prend de plus en plus l’ascendant et possède maintenant une station off-shore sur Thétis pour développer ses activités de recherche.
Nova Corp semble sur le point de faire une avancée majeure.
Malgré les patrouilles quasi mensuelles de USCMC, les indépendants prospèrent aux abords du système en exploitant des astéroïdes…

Présentation des PJ de la Campagne

Felix "Armadillo" Gutierrez est affecté par le gouvernement des Amérique Unis depuis maintenant plus de 10 ans
dans le système NN3789 en tant que Marshall. Une mutation dans le trou du cul de l’univers…
Pensant faire son temps et demander sa mutation après les 5 années réglementaires,
son plan fut contrarié par l’arrivée d’une opératrice com dont il tomba sous le charme…
Felix venait de prendre perpette !




Mark Bucanon est un agent efficace de la Commission du Commerce Interstellaire, bilan comptable, bilan d’exploitation,
certificat de dédouanement, certificat de conformité... N’ont pas de secret pour lui !
Seulement depuis un certain temps, découvrir une fraude ne l’émoustille plus comme avant, il a besoin d’action.
Sa demande de mutation au service actif de la CCI traîne sur le bureau de son supérieur depuis quelques semaines maintenant.




Ça fait plus de vingt ans que le Robert "la molette" Anderson traîne dans le coin…ce qui fait de lui le plus ancien de la station !
Embauché pour bosser sur l’extraction de méthane de la Jovienne, il fut réaffecté sur la colonie d’Agenor comme mécano « gros engins »
lors de l’arrêt d’exploitation. Depuis, il a touché un peu à tout devenant une référence sur le caillou.




Dans sa fuite en avant pour oublier son passé de Marines Colonial, Miguel dy Avira s’est retrouvé sur la station indé en bordure du système.
Il essaie maintenant de se faire assez de blé en chassant des astéroïdes et rejoindre le prochain port franc.




Nick TUCK, la quarantaine bien tassée, est le médecin de la clinique d’Agenor depuis maintenant 3 longues années… Placardisé lui, LE chirurgien esthétique du tout gotha se retrouve à rafistoler des prolo…
Une fois putain, une seule fois qu’il s’était planté… oui la femme du gouverneur de New Terra a failli y passer… oui il était chargé… non il n’aurait pas dû la prendre… dans les deux sens du terme…
Bref, Nick aurait pu, non, aurais dû être radié ! Mais bon, quand on connait les bonnes personnes Nick s’en ai sorti avec une mise à pied sur une colonie de la Seegson, et une obligation de soin…
pour sa dépendance.




Harry FINE est ce qu’on a coutume d’appeler un pied léger, né sur la station orbitale THALES-IV (Weyland-Yutani), il a passé plus de temps dans l’espace que sur le moindre caillou. Il s’est naturellement tourné vers la carrière de pilote, déjà pour faire chier son vieux, et dans un second temps… pour faire vraiment chier son vieux… Mais pour être pilote, enfin un vrai pilote, pas un de ces camionneurs de l’espace, faut passer par la case armée. Du coup, il s’enrôla dans l’E3M (Empire des 3 Mondes), non pas par conviction, mais simplement car ce furent les premiers recruteurs à passer après ses 21 ans.
Du génie selon certains, de l’inconscience pour d’autres, c’est dans les pires situations que son talent s’exprimait à plein potentiel.
Suite à un désaccord avec sa hiérarchie, une sombre histoire d’organisation de paris illégaux, Harry pris ses distances avec l’armée.
Venant de faire « l’acquisition » d’un vaisseau, Harry se mis à son compte et réalise désormais des « prestations » à bord du MESSY sur la boucle Hyperdyne.

Dans une salle de réception cossue du quartier VIP, Holden dégustait de bonnes grosses crevettes grillées en compagnie de la délégation de Lasalle Bionational arrivée plus tôt à abord de l’USCSS ULYSSE.
« Mr. Holden, rassurez-moi, nous n’avons pas parcouru 12 parsecs pour manger des crustacés ? »
« Mr. Maning, vous les avez parcourus pour vous assurer une vente de plusieurs centaines de millions de dollars si je ne me trompe ?
Contrat dont je fus, si je ne me trompe, l’un des principaux intermédiaires ? Maintenant ayez l’extrême obligeance d’accepter mon hospitalité, bien que chiche en comparaison des colonies du noyau j’en conviens.
Nous aurons largement le temps de discuter des avancées de la Seegson avant votre départ. Je vous ai promis une exclusivité, et vous l’aurez »
Les joues du petit homme bedonnant s’empourprèrent, signe avant-coureur d’une réponse cinglante, quand on frappa à la porte. Le RAC entra l’air embarrassé et tendit une tablette au Directeur.
Holden se fendit d’un large sourire auprès de ses convives, usa du rince doigt avant de s’essuyer machinalement la bouche, puis pris la tablette. Il scrolla les informations du bout des doigts,
s’arrêta sur la mort de Patrick Wright, regarda Barnett sans souciller, puis repris la lecture du rapport.
« Bien, faites le nécessaire Barnett. »

Alors que Maning discutait avec ses collaborateurs, un homme maigre aux tempes grisonnantes, et une femme brune aux larges épaules, une odeur désagréable se diffusa dans la pièce.
Le ronron à peine perceptible du recycleur d’air charriant des effluves de chaire grillée de plus en plus prononcées.
« Votre chef maitrise peut être les crevettes mais beaucoup moins le porc on dirait »
Ponctuant sa boutade d’un rire gras, Maning observait la réaction d’Holden du coin de l’œil.
Le Directeur posa un regard qui en disait long sur son RAC.
« Je m’en occupe immédiatement, Monsieur »

Lorsque Barnett, remontant les flots épars du personnel s’enfuyant de la zone, arriva dans le complexe de loisir, il ne put que constater les faits. Un homme… ou une femme,
gisait là partiellement carbonisé et encore fumant. Le Mashall tentait de mettre en place un périmètre de sécurité tout en rassurant le personnel, et ce mécano…
Comment s’appelait-il déjà… Anderson, se tenait nonchalamment appuyé contre un extincteur une canette de NukeCola à la main.
Barnett se remémora le contenu d’une note de la compagnie faisant référence à une secte apocalyptique (encore une…) qui se rependait à la frontière, l’ordre de la très sainte immolation.
Le mode opératoire est relativement simple, trouver du combustible, un public, et se foutre le feu. Entre… ça, et le suicide de Wright, la sécurité de la colonie pourrait être remise en cause par les autorités compétentes. Barnett, en l’occurrence, pourrait remettre en cause la sécurité de la colonie… Un léger sourire pinça le coin de ses lèvres.

Comme pour répondre au regard interrogateur du Marshall, Barnett s’exprima d’une voix forte :
«  C’est un représentant de l’ordre de la très sainte immolation, ces tarés se répandent sur la frontière comme une peste ! »
Mais il se tut sur le fait que ces tarés se déplacent toujours par deux.


*************

Cela faisait maintenant plus d’une heure que l’ancien mineur attendait fébrilement dans une salle neutre du secteur R&D de la Seegson quand la porte s’ouvrit.
« Ha M. Parker, je vous prie de bien vouloir nous excuser pour l’attente. »
Ne laissant pas le temps au quarantenaire pour répondre, il enchaina :
« Je vois ici que vous et votre famille avaient demandé une dérogation d’attribution dans le cadre de votre mutation de fin de contrat sur l’agrimonde LK-2296, est-ce bien cela ? »
Parker savait pertinemment qu’il ne répondait pas aux critères d’attribution, mais il devait tenter… « Oui Monsieur »
Le rond de cuir se fendit d’un large sourire carnassier.
«  Et bien nous allons étudier ça… »
L’homme, se sentant en mauvaise posture, feignit l’indignation :
« Je suis enregistré sur l’USCSS ULYSSE, je dois me préparer pour la cryo… »
Mais il fut coupé net dans sa tirade.
« Nous le savons, ne vous inquiétez pas, vous serez à bord en temps et en heure.
Donc je disais… »
Après une énumération exhaustives des dettes contractées par l’homme auprès de la compagnie, son regard se porta enfin sur Parker qui s’était décomposé au fur et à mesure que la liste s’égrainait.
« Bon, et bien c’est pas folichon si vous me permettez cette familiarité, ça coute cher d’élever un enfant sur une colonie… En l’état, vous allez vous réveiller vous et votre famille sur Gattaca…
Il y a toujours besoin de main d’œuvre sur Gattaca vous savez… »
A l’énonciation du nom de la colonie pénitentiaire, Parker blêmit.
« Vous… Vous ne pouvez pas… »
Le rond de cuir se fendit d’un nouveau sourire carnassier.
« Allons, allons M. Parker, reprenez-vous ! Nous allons trouver une solution à ce problème… »

*************

Holden, Maning et le reste de la délégation Bionational s’installèrent confortablement devant un large écran noir.
« Mr. Holden, un resto, maintenant un ciné… je vous préviens tout de suite que je ne couche pas le premier soir ! » Maning ponctua de nouveau sa boutade d’un rire gras,
rire qui commençait sérieusement à agacer le Directeur.
« Je sais que votre temps est précieux, Mr. Maning, la présentation va commencer. »

{Le petit film promotionnel embarque les spectateurs au-dessus d’un océan à perte de vue puis plonge et s’enfonce dans les abysses avant que des lumières apparaissent avec un focus sur des méduses phosphorescente, le tout agrémenté d’un discours sur la biologie de ces espèces, l’incrustation du mot AdVitam ponctua cette partie.
« Après des années d’études, la Seegson est fière de vous présenter la gamme de produit Ad Vitam »
Puis le film enchaine sur une vue au microscope de cellule se régénérant sous l’action du composé biologique avec le laïus scientifique adéquat.}

L’homme maigre aux tempes grisonnantes se pencha et glissa quelques mots à l’oreille de Maning.
A la fin de la présentation, l’écran se dépolarisa laissant apparaitre un homme d’une quarantaine d’année, apparemment stressé, assis dans un fauteuil de barbier.
Holden prie la parole
« J’ai pris la liberté de vous organiser une petite démonstration afin de vous faire appréhender le potentiel d’AdVitam »
Quelques secondes plus tard, un médecin entra dans la pièce, saisi un bras articulé muni d’une caméra macro du plafond pour le placer face au visage du patient.
« Comme vous pouvez le constater, les ravages du temps ont fait leur œuvre sur M. Parker,
crevasses, rides, ridules, hyperpigmentations irrégulières, calvitie naissante.
Bref, M. Parker accuse son âge. Mais grâce aux innovations de Seegon, les stigmates de l’âge ne sont plus qu’un lointain souvenir ! »
Le médecin sortit un tube de crème de sa blouse pour en appliquer une fine couche sur le visage du patient, la caméra macro capta instantanément le changement dans la granularité de la peau,
la disparition des irrégularités de teint… M. Parker venait de perdre au moins 10 ans.
Le médecin repris la parole avec un grand sourire : « Jouvence, sentez la différence »
Holden commenta : Fort potentiel de vente sur la ménagère de plus de 50 ans.
Maning, dont les joues commençaient à virer au rouge, saisie Holden par l’épaule et le força à le regarder.
« Mr. Holden, rassurez-moi, nous n’avons pas parcouru 12 parsecs pour parler chiffon ? »
Retirant fermentant la main de son épaule, il affirma :
«  La suite devrait vous intéresser » puis ouvrant un commutateur,
« passer au second produit. »

Le médecin opina du chef, pris une seringue mise à sa disposition dans un plateau en acier chirurgical, et injecta un liquide bleuâtre dans les veines du patient.
Deux infirmiers entrèrent ensuite dans la pièce, se saisirent du patient, le plaquèrent contre son fauteuil, avant de lui sectionner l’avant-bras droit d’un geste vif.
Holden appuya sur la touche mute de la télécommande avec un regard entendu au reste de l’assistance.
A grand renfort de gestes, le médecin ramassa le membre perdu et le repositionna, avec l’aide des deux infirmiers, en face de la blessure.
Puis saisi à nouveau le bras articulé pour le placer au-dessus du bras de Parker. Les deux parties ses ressoudèrent quasi instantanément ne laissant qu’une trace à peine perceptible.
Maning la bouche entrouverte ne disait mot, regardant alternativement l’écran et ses collaborateurs.
Holden, avec un sourire en coin, ajouta :
« ça fonctionne aussi en curatif, compté 2 à 3 semaines de repousse pour un membre viable. »
Les deux infirmiers relâchèrent la pression sur Parker qui occulta son bras en long, en large, et en travers, avant d’interroger le médecin du regard.
Le médecin lui glissa un mot, et il leva fébrilement le pouce de sa main droite en direction des spectateurs invisibles.

*************

Holden sirotait un Bourbon 12 ans d’âge dans son fauteuil en cuir synthétique, faisant lentement tourner le glaçon dans le fond de son verre, un sourire satisfait sur les lèvres.
Il remarqua la tablette laissée dans la soirée par Barnett sur son bureau, mais décida de ne pas y prêter attention… du moins pour le moment.
C’est ce moment que choisi Conrad Helm pour entrer dans le bureau du Directeur. S’affalant dans le fauteuil face à Holden, il poussa un profond soupir.
«  Journée productive, un verre ? » ponctua le Directeur. Conrad acquiesça.
Les deux convives dégustèrent leurs liqueurs en silence, puis le rond de cuir d’une trentaine d’année pris la parole :
« Vous conviendrez que votre initiative pourrait être mal interpréter en haut lieu. »
« Si nous échouons, il y a fort à parier que ça tourne au vinaigre, j’en conviens… Mais nous devons être proactif Conrad ! Il est vital que notre molécule ai son AMM (Autorisation de Mise sur le Marché)
dans les plus brefs délais afin de couper l’herbe sous le pied de LiveCorp. Sans l’appuis de ce gros con de Maning au sein de l’AISM (Agence Interstellaire de Sécurité du Médicament),
nos chances de réussite son mince…
Conrad semblait plongé dans une profonde réflexion quand lui revint pourquoi il était venu dans le bureau d’Holden.
« La délégation est à bord de l’USCSS ULYSSE, comme convenu, ils n’apparaissent dans aucuns registres. Et cerise sur le gâteau, Wright n’a rien vu »
A cette réflexion, Holden posa un regard lourd sur son convive : « Wright est mort. »
La nouvelle ne sembla pas ébranler Conrad qui réfléchit un instant avant de répondre :
« des problèmes en perspectives ? »
Se saisissant de la tablette, Holden se plongea dans le rapport de Barnett.
« je ne sais pas encore… tout dépendra des conclusions de Felix. »
Conrad compris qu’il était temps pour lui que quitter le bureau du directeur, alors qu’il actionnait la poignée de la porte, Holden le hala : « Et notre cobaye ? »
Le rond de cuir fut un peu décontenançait par cette question, mais garda un visage impassible : « A bord de l’USCSS ULYSSE, son caisson cryo aura un problème technique,
dans la marge d’erreur de ce type de technologie. »

Assis à son bureau, éclairé par une unique veilleuse, Félix faisait tourner dans son verre l'alcool de contrebande que la molette osait appelé du whysky.
Du whysky! cet ethanol vaguement aromatisé n'en n'avait même pas l'apparence et encore moins le goût qui tenait plus du savon mais en moins parfumé. Au moins ça tuera les microbes se dit-il.
Les deux jours qui avait suivi cette soirée de merde, il avait pu se ressourcer un peu auprès de sa femme, cela lui avait permis de réduire son stress et lui laisser le temps de réfléchir aux évènements.
- ça pue quand même la merde, s'écria-t-il soudain.
- Pourtant j'ai tout décapé à fond, chef! répondit Alphonse son adjoint d'un air choqué.
- Pardon p'tit j'parlais tout seul, répondit Félix.
Devant l'air penaud du gamin, Félix fit un sourire et ajouta d'une voix chaleureuse.
- c'est nickel ici, tu peux y aller. Bonne soirée.
- Merci Marshall, à demain, répondit son adjoint.
- Eh! P'tit si on te pose des questions sur Wright, tu réponds que c'est un suicide et que tu en sais rien dit Félix d'une voix redevenu sérieuse.
- C'est le cas chef? répondit l'adjoint.
- Ouais Al, bonne soirée.
Félix regarda le jeune adjoint sortir de la pièce puis dirigea son regard sur la tablette qui contenait son rapport d'enquête sur la mort de Wright.
Il appuya sur le bouton envoi et le fichier avait été envoyé chez le RAC. Félix avait conclu son rapport en indiquant que Mr Wright s'était suicidé sans laisser de lettre explicative puisque ni lui, ni le médecin, n'avait trouver d'indices suspect si ce n'est un post-it et un trou dans une rangée de fichier sur un écran. Le doc avait ajouté à sa demande que Wright avait succombé au syndrome de la frontière. Quant à la mort du cinglé, l'autopsie avait conclut qu'il était mort d'une rupture des cervicales associée à des brulures sur tout le corps. Sans déconner!
L'instinct de Félix lui disait qu'il passait à côté de quelques choses comme il lui avait murmuré à l'arrivée du Ulysse. Il se demandait s'il ne devenait pas trop vieux pour ces conneries car d'habitude son sens de l'observation était son point fort mais ces derniers temps il avait loupé plein de chose.
En attendant il était certain que Wright ne s'était pas suicidé et que ce connard avait découvert quelques choses, certainement un truc de corpo.
Félix vida son verre cul sec et se dirigea vers la cellule qui lui servait de chambre.

Il attendrait la suite des évènements  il allait lui falloir être vigilant mais pour le moment en ce qui concerne Wright c'est un suicide. il allait chercher en douce ce qu'était ce 5.4 mais avec beaucoup de précaution. d'ailleurs il avait omis d'en parler dans son rapport.

Mark Bucanon patientait sur une chaise de métal froid dans un des couloirs gris neutre du 127ème étage du complexe de la Commission du Commerce Interstellaire.
Quarante-cinq minutes plus tard, la porte d’un bureau 133 s’ouvrit laissant apparaitre une jeune femme en tailleur anthracite :
«  Monsieur Parker va vous recevoir »
Mark consulta sa luxueuse montre, se leva, réajusta le col de sa chemise, puis attrapa prestement son attaché-case avant d’emboiter le pas de la secrétaire.

Lorsque Mark pénétra dans le bureau de Parker, le DRH jonglait sur plusieurs écrans holographiques, un clavier virtuel au bout de la main droite, son index gauche sur son oreillette.
A sa vue, Parker lui fit signe de s’assoir. S’apprêtant à prendre la parole, Mark fut interrompu par un index levé.
« Bien. J’entend. Bien entendu. Ce serait fait. »
Sa conversation terminée, M. Parker balaya les écrans de sa main droite, et reporta son attention sur la personne assise en face de lui.
« M. Bucanon. Je peux vous appeler Mark ? Bien, j’ai reçu votre demande de mutation en service actif, vous savez que ce type de demande finit généralement à la poubelle ?
Les gratte-papiers de votre acabit se révèlent de piètre agent de terrain… »
Laissant un blanc de quelques secondes dans son monologue, Parker sondait Mark.
Mark connaissait ce jeu de dupe basé sur la déstabilisation de son interlocuteur.
Mark, impassible, attendait la suite.

D’un geste de la main, Parker fit défiler sur un écran holographique en périphérie plusieurs graphiques et courbes de production,
puis s’arrêta sur un traitement statistique dont le résultat clignotait en rouge.
« Mark, vous avez un problème. Cette marge d’erreur que vous avez validé est hors gamme,
la procédure requière que vous fassiez remonter toute anomalie à votre responsable de secteur.»
Pour le coup, Mark était un peu déstabilisé. Puis examina les graphiques avant de se remémorer ce dossier.
Rapport de production d’une mine de Palladium, exploitation AU, matériel WY, contexte Seegson.
« Après intégration des dérives et usures des systèmes, cette marge d’erreur n’est pas significative aux vues des probabilités, Monsieur. »

Avec un sourire en coin, Parker, incisif, répliqua :
« Mark, Mark, Mark… et la directive 14.62 de l’annexe 4B du code pour le transit des matières à déclaration obligatoire ? Vous avez traité ce dossier à la va vite Mark… »
Ne lui laissant pas le temps de répondre, Parker enchaina :
« Mais vous êtes chanceux Mark, faisons d’une pierre deux coups ! »
Se penchant au-dessus de son bureau comme pour faire une confidence, Parker glissa avec un petit sourire
« j’adore ces expressions désuètes du XXème siècles…
Quoiqu’il en soit, vous êtes affecté sur la colonie Agenor du système NN3789 afin d’enquêter sur cette marge d’erreur. »
Puis il tendit une tablette à Mark qui s’en saisi.
« Vous partez pour Crestus Prime demain où vous attend L’USCSS ULYSSE, nous vous avons trouvez une place au service comptabilité de la colonie.
Votre contact de ICC sur place est Patrick Wright. Profil bas Mark, le dossier est sensible.
Ne me remerciez pas, vous pouvez disposer. »

Mark était sur le pas du bureau 133, tenant son attaché-case d’une main et la tablette de données de l’autre, il n’en revenait toujours pas.
Si cette « faute » s’avère exacte, il aurait dû être licencié pour faute grave, des milliers de postulants n’attendent que ça.

D’un geste de la main, Parker ouvrit le dossier de Mark sur un écran en périphérie et relue la dernière ligne de la pièce jointe à en-tête WY :
déploiement prioritaire de l’agent sur NN3389, ordre XX121.