Histoire d’un chasseur de rats
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Histoire d’un chasseur de rats
Histoire d’un chasseur de rats
Le reflet lumineux de la lanterne suspendue à la pique à rats de Rolf étincelait à la surface du paresseux effluent, éclairant d’une faible lueur jaunâtre le sombre tunnel des égouts. La maçonnerie ne datait pas d’hier et les briques s’effritaient, et la saillie qui longeait le tunnel était traître, criblée de trous prêts à faire trébucher les imprudents. Plus d’un chasseur de rats d’Altdorf s’était retrouvé englouti jusqu’au cou dans les eaux remplies d’immondices, mais Rolf arpentait ce labyrinthe depuis toujours, et il était plus à l’aise dans ce monde crépusculaire que dans celui de la surface.
Tirant une longue bouffée de sa pipe, il exhala un nuage de fumée acre. Le tabac de Thoralf était ignoble, et on aurait dit qu’il le fabriquait à l’aide de ce qu’il balayait dans son échoppe de chirurgien barbier, mais il était bon marché et couvrait plus ou moins la puanteur des égouts. Les quelques sous de cuivre qui restaient dans sa bourse devaient servir à payer son logement dans l’un des hospices les plus propres, et il ne pouvait se permettre le luxe d’acheter du tabac plus coûteux. Il cracha une bonne bouchée de mucosités dans l’eau et s’interrompit un instant, secoué par une quinte de toux mauvaise.
Mandred s’arrêta et se retourna pour aboyer silencieusement dans sa direction. Le petit terrier était impatient de se mettre à l’ouvrage et d’attraper des rats. Thoralf lui avait coupé les cordes vocales lorsqu’il n’était encore qu’un chiot : un chien de ratier qui aboie et effraie sa proie ne sert pas à grand-chose. Le chien était efflanqué, et sa peau était nue par endroits, là où la gale avait emporté de grandes touffes de poils, mais c’était un sacré bagarreur, le petit bâtard, avec une mâchoire cruelle, et de hargne qu’un gobelin en rogne.
« Moitie loup, hein, p’tit gars ? » dit Ralf, qui reçut un grondement sifflant en guise de réponse.
Rolf s’essuya la bouche crasseuse de son gilet usé jusqu’à la corde, les pièges et les petites chausse-trappes suspendues à sa ceinture de corde tintinnabulant en rythme avec ses pas. Il s’appuya sur son bâton de chasseur de rats pourvu à son extrémité d’un collier clouté abîmé et effrité par la rouille. Quatre rats étaient déjà suspendus aux clous qui maintenaient le collier, et Godrum le Tourtier les paierait un sou de cuivre la paire. Encore quatre et il pouvait remonter à la surface. Les prises de la nuit n’étaient pas bien lourdes, ce qui le surprenait, parce que les temps étaient durs dans le monde d’en haut.
Et quand les temps étaient durs pour les gens, les rats avaient la belle vie.
La maladie avait pris la ville et Rolf avait vu des dizaines de cadavres allongés dans les caniveaux et les ruelles jonchées d’ordures, grignotés par des rats dodus. Les pères de la ville n’avaient de cesse d’empêcher la propagation de cette épidémie récente, mais le salaire qu’ils offraient ne valait pas ce qu’il gagnait en vendant les rats morts aux tourtiers.
Rolf avait entendu parler de certains ratiers qui élevaient leurs propres rongeurs pour tromper les bourgeois des petite villes, mais pour lui, le jeu n’en valait pas la chandelle. Par ailleurs, Rolf aimait vraiment son travail. Il préférait la solitude et la tranquillité des égouts aux bruits et à la foule du monde de la surface.
Sa quinte de toux apaisée, Rolf se remis en route, ouvrant l’œil pour guetter le moindre signe de la présence d’un nid de rats à proximité. Il avait vu un certain nombre de traces dans les ordures au dernier croisement et la puanteur moite et rance des rats, avec ses relents de pourriture, était plus forte dans cette direction.
Les murs ruisselaient d’humidité et une grosse goutte s’écrasa sur la joue de Rolf. Il leva la main pour l’essuyer et fut surpris de découvrir que son doigt était maculé de rouge. Il le renifla et sa langue jaunie y détecta le goût métallique et inimitable du sang.
Il leva les yeux et recula avec un hoquet de dégoût.
Encore accrochée à un barreau de l’échelle rouillée boulonnée au mur courbe du tunnel, il y avait là une main humaine coupée à la hauteur du poignet et dégoulinants de sang.
« Serment de Sigmar ! Siffla-t-il en fixant la main sanguinolente. Mais comment c’est arrivée là ? »
C’était une bonne question, ca il semblait bien que la main avait été coupée d’un coup net. Son propriétaire avait-il été pris par surprise alors qu’il descendait dans les égouts ou s’enfuyait-il au contraire vers la surface lorsqu’il avait été attaqué ? Quoi qu’il en soit, il s’était si fermement accroché au barreau que même la mort ne lui avait pas fait lâcher prise.
Le dos de la main était marqué d’étranges boursouflures rouges qui ressemblaient à une marque de bétail au fer rouge. Rolf leva sa lanterne pour les examiner.
Trois lignes étaient imprimées dans la peau, formant un motif vaguement triangulaire, mais il ne savait pas ce que cela signifiait. Ce n’était certainement pas une marque de guilde ni le symbole d’un gang. Sous la marque, presque dissimulée par elle, on voyait un tatouage représentant une femme nue qui embrassait un canon.
« Jakob ? dit Rolf, Jakob Klein de Nuln, c’est toi vieux Jak’O ? »
Cela ne fsait aucun doute. Cette main appartenait à un autre chasseur de rats, un homme venu du Sud et qui était arrivé à Altdorf quelques années auparavant. Un bon ratier, mais Rolf avait entendu dire qu’il avait été victime de l’épidémie la semaine dernière. Ce n’était apparemment pas le cas…
« En voilà une drôle d’affaire » commenta-t-il à l’attention de Mandred, abaissant la lanterne pour découvrir qu’il se tenait au beau milieu d’une flaque collante de sang coagulé. Des traces indiquaient que quelque chose de lourds avait été traîné à partir d’ici. Le sang était encore humide et tiède. Peut-être que Jakob était toujours en vie.
Rolf suspendit de nouveau la lanterne à son bâton et descendit le tunnel, suivant la piste sanglante qui partait de l’échelle. L n’avait pas fait plus de cent mètres que Mandred se figea, retroussa les babines et dévoilant ses crocs. Rolf referma les clapets de fer de sa lanterne et plissa les paupières pour y voir dans l’obscurité. Une douce lumière verte venait du prochain détour, projetant plusieurs ombres vacillantes sur les murs luisants d’humidité.
Rolf n’avait rien d’un homme téméraire, mais c’était à un compagnon ratier qu’on s’en était pris. Le sens de la fraternité des chasseurs de rats n’avait rien d’un code de l’honneur gravé dans le marbre, mais il espérait que s’il se trouvait un jour étendu là, blessé, quelqu’un ferait la même chose pour lui.
« Viens, Mandred, murmura Rolf. Voyons un peu ce qui se trame ici, mon gars. »
Il se saisit de son couteau à lame courte et se faufila en direction des ombres...
Tirant une longue bouffée de sa pipe, il exhala un nuage de fumée acre. Le tabac de Thoralf était ignoble, et on aurait dit qu’il le fabriquait à l’aide de ce qu’il balayait dans son échoppe de chirurgien barbier, mais il était bon marché et couvrait plus ou moins la puanteur des égouts. Les quelques sous de cuivre qui restaient dans sa bourse devaient servir à payer son logement dans l’un des hospices les plus propres, et il ne pouvait se permettre le luxe d’acheter du tabac plus coûteux. Il cracha une bonne bouchée de mucosités dans l’eau et s’interrompit un instant, secoué par une quinte de toux mauvaise.
Mandred s’arrêta et se retourna pour aboyer silencieusement dans sa direction. Le petit terrier était impatient de se mettre à l’ouvrage et d’attraper des rats. Thoralf lui avait coupé les cordes vocales lorsqu’il n’était encore qu’un chiot : un chien de ratier qui aboie et effraie sa proie ne sert pas à grand-chose. Le chien était efflanqué, et sa peau était nue par endroits, là où la gale avait emporté de grandes touffes de poils, mais c’était un sacré bagarreur, le petit bâtard, avec une mâchoire cruelle, et de hargne qu’un gobelin en rogne.
« Moitie loup, hein, p’tit gars ? » dit Ralf, qui reçut un grondement sifflant en guise de réponse.
Rolf s’essuya la bouche crasseuse de son gilet usé jusqu’à la corde, les pièges et les petites chausse-trappes suspendues à sa ceinture de corde tintinnabulant en rythme avec ses pas. Il s’appuya sur son bâton de chasseur de rats pourvu à son extrémité d’un collier clouté abîmé et effrité par la rouille. Quatre rats étaient déjà suspendus aux clous qui maintenaient le collier, et Godrum le Tourtier les paierait un sou de cuivre la paire. Encore quatre et il pouvait remonter à la surface. Les prises de la nuit n’étaient pas bien lourdes, ce qui le surprenait, parce que les temps étaient durs dans le monde d’en haut.
Et quand les temps étaient durs pour les gens, les rats avaient la belle vie.
La maladie avait pris la ville et Rolf avait vu des dizaines de cadavres allongés dans les caniveaux et les ruelles jonchées d’ordures, grignotés par des rats dodus. Les pères de la ville n’avaient de cesse d’empêcher la propagation de cette épidémie récente, mais le salaire qu’ils offraient ne valait pas ce qu’il gagnait en vendant les rats morts aux tourtiers.
Rolf avait entendu parler de certains ratiers qui élevaient leurs propres rongeurs pour tromper les bourgeois des petite villes, mais pour lui, le jeu n’en valait pas la chandelle. Par ailleurs, Rolf aimait vraiment son travail. Il préférait la solitude et la tranquillité des égouts aux bruits et à la foule du monde de la surface.
Sa quinte de toux apaisée, Rolf se remis en route, ouvrant l’œil pour guetter le moindre signe de la présence d’un nid de rats à proximité. Il avait vu un certain nombre de traces dans les ordures au dernier croisement et la puanteur moite et rance des rats, avec ses relents de pourriture, était plus forte dans cette direction.
Les murs ruisselaient d’humidité et une grosse goutte s’écrasa sur la joue de Rolf. Il leva la main pour l’essuyer et fut surpris de découvrir que son doigt était maculé de rouge. Il le renifla et sa langue jaunie y détecta le goût métallique et inimitable du sang.
Il leva les yeux et recula avec un hoquet de dégoût.
Encore accrochée à un barreau de l’échelle rouillée boulonnée au mur courbe du tunnel, il y avait là une main humaine coupée à la hauteur du poignet et dégoulinants de sang.
« Serment de Sigmar ! Siffla-t-il en fixant la main sanguinolente. Mais comment c’est arrivée là ? »
C’était une bonne question, ca il semblait bien que la main avait été coupée d’un coup net. Son propriétaire avait-il été pris par surprise alors qu’il descendait dans les égouts ou s’enfuyait-il au contraire vers la surface lorsqu’il avait été attaqué ? Quoi qu’il en soit, il s’était si fermement accroché au barreau que même la mort ne lui avait pas fait lâcher prise.
Le dos de la main était marqué d’étranges boursouflures rouges qui ressemblaient à une marque de bétail au fer rouge. Rolf leva sa lanterne pour les examiner.
Trois lignes étaient imprimées dans la peau, formant un motif vaguement triangulaire, mais il ne savait pas ce que cela signifiait. Ce n’était certainement pas une marque de guilde ni le symbole d’un gang. Sous la marque, presque dissimulée par elle, on voyait un tatouage représentant une femme nue qui embrassait un canon.
« Jakob ? dit Rolf, Jakob Klein de Nuln, c’est toi vieux Jak’O ? »
Cela ne fsait aucun doute. Cette main appartenait à un autre chasseur de rats, un homme venu du Sud et qui était arrivé à Altdorf quelques années auparavant. Un bon ratier, mais Rolf avait entendu dire qu’il avait été victime de l’épidémie la semaine dernière. Ce n’était apparemment pas le cas…
« En voilà une drôle d’affaire » commenta-t-il à l’attention de Mandred, abaissant la lanterne pour découvrir qu’il se tenait au beau milieu d’une flaque collante de sang coagulé. Des traces indiquaient que quelque chose de lourds avait été traîné à partir d’ici. Le sang était encore humide et tiède. Peut-être que Jakob était toujours en vie.
Rolf suspendit de nouveau la lanterne à son bâton et descendit le tunnel, suivant la piste sanglante qui partait de l’échelle. L n’avait pas fait plus de cent mètres que Mandred se figea, retroussa les babines et dévoilant ses crocs. Rolf referma les clapets de fer de sa lanterne et plissa les paupières pour y voir dans l’obscurité. Une douce lumière verte venait du prochain détour, projetant plusieurs ombres vacillantes sur les murs luisants d’humidité.
Rolf n’avait rien d’un homme téméraire, mais c’était à un compagnon ratier qu’on s’en était pris. Le sens de la fraternité des chasseurs de rats n’avait rien d’un code de l’honneur gravé dans le marbre, mais il espérait que s’il se trouvait un jour étendu là, blessé, quelqu’un ferait la même chose pour lui.
« Viens, Mandred, murmura Rolf. Voyons un peu ce qui se trame ici, mon gars. »
Il se saisit de son couteau à lame courte et se faufila en direction des ombres...
Dernière édition par LinksLeChat le Sam 5 Mai - 11:18, édité 1 fois
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Certains peuples vouent un culte à l'argent au commerce, d'autres ne vivent que par la mécanique, d'autres encore se complaisent dans la conquête et la guerre. Croyez-moi, un marin au long cours aura l'occasion de voir bien des choses étranges au cours de ses voyages !
Hual Bouffeur d'Ecume
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Date d'inscription : 08/03/2012
Age : 44
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Re: Histoire d’un chasseur de rats
Les ombres qui s’agitaient sur le mur s’enfoncèrent plus profondément dans un tunnel et Rolf entendit ce qui ressemblait à des cris étouffés, comme si quelqu’un tentait de hurler malgré un bâillon. Rolf avait vécu assez longtemps à ils tombés sur le râble du vieux Jack’O ? Plutôt improbable : aucune personne saine d’esprit n’aurait imaginé qu »un chasseur de rat ait quoi que ce soit de valable à dérober.
Il s’avança avec précaution dans le tunnel, Mandred marchant au même rythme et humant le sol répugnant à grand renfort de reniflements frénétiques. Rolf s’accroupit en appui sur un genou et posa sa main sur le collier de Mandred quand les ombres firent halte. Plaqué au mur du tunnel, Rolf se pencha délicatement en avant pour avoir un meilleur aperçu de ses proies.
Deux silhouettes encapuchonnées vêtues de robes crasseuses et dépenaillées s’efforçaient d’en traîner une troisième derrière elles, se déplaçant par à-coups précipités. Voûtées au point d’en paraître bossues, elles s’exprimaient par des couinements vifs et haut perchés. L’une d’entre elles tenait une étrange lanterne en forme de sphère – source de la lueur verte – tandis que l’autre portait ce qui ressemblait à un long fusil du Hochland aux décorations baroques.
Après un bref échange de couinements et de sifflements, ils se remirent en route et Rolf dut user de la moindre parcelle de son considérable talent pour le déplacement silencieux afin de ne pas se laisser semer, tandis que sa filature l’emmenait de plus en plus loin dans le dédale de tunnels. L’étrange sphère lumineuse baignait les couloirs d’une lueur curieusement dérangeante, l’eau renvoyant des reflets malsains sur les murs. Les formes ondulantes semblaient former des bouches qui ricanaient et Rolf fit le signe du marteau pour écarter le mauvais œil.
Les ombres finirent par s’arrêter et Rolf se colla à la maçonnerie humide. Il entendit le son d’une grille de fer qu’on ouvrait et les silhouettes encapuchonnées traînèrent leur prisonnier dans un étroit tunnel latéral. La lumière disparut avec eux et Rolf lâcha un soupire de soulagement.
Il attendit un moment avant d’ouvrir le clapet de sa lanterne et de profiter de sa lumière, rassurante et normale. Descendant le tunnel en direction de la grille ouverte, Rolf leva sa lampe à hauteur de la clef de voûte de l’arche, cherchant le poinçon du maçon. Il passa les doits sur la pierre et distingua un cercle marqué de trois entailles verticales dans sa section inférieure droite, divisée par une marque horizontale dorée d’une pointe de flèche orientée vers la droite.
«_ Tunnel de l’est, troisième cercle, deuxième quartier, murmura Rolf. Nous sommes sous les silos à grain d’Unterzeit, Mandred »
Le terrier leva les yeux vers lui, le dos raide et les poils dressés. Mandred avait flairé des rats et il voulait les tuer. Rolf donna une petit tape affectueuse au chien galeux avant de s’agenouiller devant la grille noircie et l’examina sur toute sa longueur. Son instinct lui hurlait de rebrousser chemin. Il était seul dans les égouts, armé d’un simple couteau à écorcher et de quelques chausse-trappes. Pas de quoi faire de lui un Chevalier Reiksguard ou un héros en blanche armure comme ceux des pièces de Detlef Sierck.
Malgré tout, bien que Rolf ne fût qu’un chasseur de rats de bas étage, un homme que la plupart des gens bien auraient méprisé, il s’enorgueillissait d’essayer de faire le bien quand il le pouvait. Pas facile dans une ville comme Aldorf, mais il faut ce qu’il faut quand on veut survivre. Il se souvint de Hansi ; le chasseur de rats de Wolfenburg qui avait découvert un culte hédoniste dans les égouts sous les docks quelques années auparavant. Hansi avait ramené le Sergent Mueller et vingt hommes du guet avec lui , et ils avaient traîné les cultistes hurlants à la surface, où ils avaient été pendus haut et court devant la Taverne des Potences.
Hansi avait gagné quelque pièces d’or pour sa peine, et la perspective de se faire un peu d’argent facile était plus séduisante que le concept de fraternité des ratiers. Rolf se pencha et s’avança dans le petit tunnel, à l’affût de la désagréable lueur verte, restant vigilant en cas d’embuscade.
Le sol du tunnel était gluant et quelques centimètres d’eau stagnante et nauséabonde trempaient ses bottes peu épaisses. Il vit des empreintes dans la vase, allongées comme un pied nu, mais avec ce qui ressemblait à des griffes aux orteils. Rolf se rappela les histoires farfelues des égoutiers qui affirmaient avoir vu des monstres dans les tunnels, des monstres à face de rat, mais qui marchaient comme des hommes. Il chassa ces divagations de son esprit en voyant une faible clarté se répandre dans le tunnel. En s’approchant de la source de lumière, Rolf vit que le mur de briques devant lui s’était effondré sur lui-même et que le sol du tunnel était jonché de mortier effrité et de briques tachées de sang.
Rolf passa discrètement sa tête dans le trou du tunnel et vit une vaste salle remplie d’établis et de cage plongées dans l’obscurité. Il y avait des choses dans les cages, mais la lumière était trop faible pour les distinguer. Des animaux ? Des gens ? Les établis étaient jonchés de toutes sortes d’objets étranges et répugnants. Des tiges de cuivre, des forets, d’énormes cisailles, des affiches colorées, des globes où tourbillonnaient des fluides d’un jaune verdâtre et des bocaux pleins de globes oculaires.
«_ Mais qu’est-ce que c’est que cette endroit ? se demanda-t-il à voix haute. C’est un laboratoire de magicien ou quêqu’chose du genre. J’crois que ça nous dépasse, Mandred. »
A l’évocation de son nom, le terrier bondit dans la pièce, tournant autour de la cage la plus proche et émettant de petits aboiements chuintants et discrets tout en montrant ses dents jaunies. Rolf fit signe à Mandred de revenir, mais le chien ne voulait rien entendre, grondant silencieusement en direction d’une ombre en boule dans la cage. Rolf vit la silhouette se déplacer d’un pas lourd et lent, comme une bête de somme. Aussi hardi soit-il, Mandred n’était pas assez brave pour se faufiler entre les barreaux de la cage et chercher des noises à ce qui s’y trouvait enfermé, quoi que ce fût.
« _ Bon sang, Mandred, c’est au guet de s’occuper de ce genre de chose, pas à nous ! » siffla Rolf en s’engouffrant dans le trou du mur pour aller chercher son chien. Dans la salle, l’air empestait la viande brûlée et le fer chaud, relents de mort et de désespoir. Mandred s’enfonça plus avant, flairant le sol que Rolf pouvait désormais voir couvert de taches et d’éclaboussures de sang
Une porte mal ajustée, faite de planches difformes était coincée dans un trou du mur opposé, juste derrière une longue table. En s’approchant, Rolf vit qu’elle était incrustée de taches brunâtres et pourvue de sangles de cuir épais. On aurait dit le billot d’un boucher ou la table d’opération d’un chirurgien barbier, mais elle était de toute évidence trop grande pour ça.
Mandred tournait autour de la table en poussant des grondements courroucés, et Rolf prit un instant pour étudier les objets jetés sur les établis. De nombreux cubes en os colorés, ornés d’étranges symboles - sabliers, crânes, comètes et autres – étaient éparpillés auprès de maintes feuille de papier recouvertes d’une écriture serré. Le fusil était posé lui aussi sur un établi, et doré d’un mécanisme bien plus complexe que toutes les armes à feu qu’il n’eût jamais vues.
« _Allez viens, bon sang, » cracha Rolf en saisissant le petit chien. Le terrier se débattit, mais Rolf n’avait aucune envie de traîner dans ce lieu qui empestait la mort. Il se retourna et revint au trou dans la maçonnerie quand il entendit un grincement de bois frottant contre de la pierre.
Il regarda par-dessus son épaule, terrorisé, tandis que la porte de la salle commençait à s’ouvrir…
Il s’avança avec précaution dans le tunnel, Mandred marchant au même rythme et humant le sol répugnant à grand renfort de reniflements frénétiques. Rolf s’accroupit en appui sur un genou et posa sa main sur le collier de Mandred quand les ombres firent halte. Plaqué au mur du tunnel, Rolf se pencha délicatement en avant pour avoir un meilleur aperçu de ses proies.
Deux silhouettes encapuchonnées vêtues de robes crasseuses et dépenaillées s’efforçaient d’en traîner une troisième derrière elles, se déplaçant par à-coups précipités. Voûtées au point d’en paraître bossues, elles s’exprimaient par des couinements vifs et haut perchés. L’une d’entre elles tenait une étrange lanterne en forme de sphère – source de la lueur verte – tandis que l’autre portait ce qui ressemblait à un long fusil du Hochland aux décorations baroques.
Après un bref échange de couinements et de sifflements, ils se remirent en route et Rolf dut user de la moindre parcelle de son considérable talent pour le déplacement silencieux afin de ne pas se laisser semer, tandis que sa filature l’emmenait de plus en plus loin dans le dédale de tunnels. L’étrange sphère lumineuse baignait les couloirs d’une lueur curieusement dérangeante, l’eau renvoyant des reflets malsains sur les murs. Les formes ondulantes semblaient former des bouches qui ricanaient et Rolf fit le signe du marteau pour écarter le mauvais œil.
Les ombres finirent par s’arrêter et Rolf se colla à la maçonnerie humide. Il entendit le son d’une grille de fer qu’on ouvrait et les silhouettes encapuchonnées traînèrent leur prisonnier dans un étroit tunnel latéral. La lumière disparut avec eux et Rolf lâcha un soupire de soulagement.
Il attendit un moment avant d’ouvrir le clapet de sa lanterne et de profiter de sa lumière, rassurante et normale. Descendant le tunnel en direction de la grille ouverte, Rolf leva sa lampe à hauteur de la clef de voûte de l’arche, cherchant le poinçon du maçon. Il passa les doits sur la pierre et distingua un cercle marqué de trois entailles verticales dans sa section inférieure droite, divisée par une marque horizontale dorée d’une pointe de flèche orientée vers la droite.
«_ Tunnel de l’est, troisième cercle, deuxième quartier, murmura Rolf. Nous sommes sous les silos à grain d’Unterzeit, Mandred »
Le terrier leva les yeux vers lui, le dos raide et les poils dressés. Mandred avait flairé des rats et il voulait les tuer. Rolf donna une petit tape affectueuse au chien galeux avant de s’agenouiller devant la grille noircie et l’examina sur toute sa longueur. Son instinct lui hurlait de rebrousser chemin. Il était seul dans les égouts, armé d’un simple couteau à écorcher et de quelques chausse-trappes. Pas de quoi faire de lui un Chevalier Reiksguard ou un héros en blanche armure comme ceux des pièces de Detlef Sierck.
Malgré tout, bien que Rolf ne fût qu’un chasseur de rats de bas étage, un homme que la plupart des gens bien auraient méprisé, il s’enorgueillissait d’essayer de faire le bien quand il le pouvait. Pas facile dans une ville comme Aldorf, mais il faut ce qu’il faut quand on veut survivre. Il se souvint de Hansi ; le chasseur de rats de Wolfenburg qui avait découvert un culte hédoniste dans les égouts sous les docks quelques années auparavant. Hansi avait ramené le Sergent Mueller et vingt hommes du guet avec lui , et ils avaient traîné les cultistes hurlants à la surface, où ils avaient été pendus haut et court devant la Taverne des Potences.
Hansi avait gagné quelque pièces d’or pour sa peine, et la perspective de se faire un peu d’argent facile était plus séduisante que le concept de fraternité des ratiers. Rolf se pencha et s’avança dans le petit tunnel, à l’affût de la désagréable lueur verte, restant vigilant en cas d’embuscade.
Le sol du tunnel était gluant et quelques centimètres d’eau stagnante et nauséabonde trempaient ses bottes peu épaisses. Il vit des empreintes dans la vase, allongées comme un pied nu, mais avec ce qui ressemblait à des griffes aux orteils. Rolf se rappela les histoires farfelues des égoutiers qui affirmaient avoir vu des monstres dans les tunnels, des monstres à face de rat, mais qui marchaient comme des hommes. Il chassa ces divagations de son esprit en voyant une faible clarté se répandre dans le tunnel. En s’approchant de la source de lumière, Rolf vit que le mur de briques devant lui s’était effondré sur lui-même et que le sol du tunnel était jonché de mortier effrité et de briques tachées de sang.
Rolf passa discrètement sa tête dans le trou du tunnel et vit une vaste salle remplie d’établis et de cage plongées dans l’obscurité. Il y avait des choses dans les cages, mais la lumière était trop faible pour les distinguer. Des animaux ? Des gens ? Les établis étaient jonchés de toutes sortes d’objets étranges et répugnants. Des tiges de cuivre, des forets, d’énormes cisailles, des affiches colorées, des globes où tourbillonnaient des fluides d’un jaune verdâtre et des bocaux pleins de globes oculaires.
«_ Mais qu’est-ce que c’est que cette endroit ? se demanda-t-il à voix haute. C’est un laboratoire de magicien ou quêqu’chose du genre. J’crois que ça nous dépasse, Mandred. »
A l’évocation de son nom, le terrier bondit dans la pièce, tournant autour de la cage la plus proche et émettant de petits aboiements chuintants et discrets tout en montrant ses dents jaunies. Rolf fit signe à Mandred de revenir, mais le chien ne voulait rien entendre, grondant silencieusement en direction d’une ombre en boule dans la cage. Rolf vit la silhouette se déplacer d’un pas lourd et lent, comme une bête de somme. Aussi hardi soit-il, Mandred n’était pas assez brave pour se faufiler entre les barreaux de la cage et chercher des noises à ce qui s’y trouvait enfermé, quoi que ce fût.
« _ Bon sang, Mandred, c’est au guet de s’occuper de ce genre de chose, pas à nous ! » siffla Rolf en s’engouffrant dans le trou du mur pour aller chercher son chien. Dans la salle, l’air empestait la viande brûlée et le fer chaud, relents de mort et de désespoir. Mandred s’enfonça plus avant, flairant le sol que Rolf pouvait désormais voir couvert de taches et d’éclaboussures de sang
Une porte mal ajustée, faite de planches difformes était coincée dans un trou du mur opposé, juste derrière une longue table. En s’approchant, Rolf vit qu’elle était incrustée de taches brunâtres et pourvue de sangles de cuir épais. On aurait dit le billot d’un boucher ou la table d’opération d’un chirurgien barbier, mais elle était de toute évidence trop grande pour ça.
Mandred tournait autour de la table en poussant des grondements courroucés, et Rolf prit un instant pour étudier les objets jetés sur les établis. De nombreux cubes en os colorés, ornés d’étranges symboles - sabliers, crânes, comètes et autres – étaient éparpillés auprès de maintes feuille de papier recouvertes d’une écriture serré. Le fusil était posé lui aussi sur un établi, et doré d’un mécanisme bien plus complexe que toutes les armes à feu qu’il n’eût jamais vues.
« _Allez viens, bon sang, » cracha Rolf en saisissant le petit chien. Le terrier se débattit, mais Rolf n’avait aucune envie de traîner dans ce lieu qui empestait la mort. Il se retourna et revint au trou dans la maçonnerie quand il entendit un grincement de bois frottant contre de la pierre.
Il regarda par-dessus son épaule, terrorisé, tandis que la porte de la salle commençait à s’ouvrir…
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Certains peuples vouent un culte à l'argent au commerce, d'autres ne vivent que par la mécanique, d'autres encore se complaisent dans la conquête et la guerre. Croyez-moi, un marin au long cours aura l'occasion de voir bien des choses étranges au cours de ses voyages !
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Re: Histoire d’un chasseur de rats
Le bruit de la porte qui s’ouvrait était le plus terrifiant que Rolf eût jamais entendu. Bien qu’il n’eût aucune idée de ce à quoi pouvait bien servir cet endroit, il en avait vu assez pour savoir qu’il n’y avait rien de bon à s’y faire capturer. Mandred gigotait toujours pour échapper à sa prise et atteindre la grande table de boucher, mais Rolf le maintenait fermement par le cuir pourri de son collier.
Le trou dans le mur par lequel il était entré se trouvait bien trop loin : il ne l’atteindrait pas à temps. Rolf chercha une cachette. Il y avait nombre d’endroits obscurs dans la chambre, mais aucun qui l’attirât vraiment. Sachant qu’il n’avait que quelques secondes, Rolf se terra sous l’établi encombré, plaquant une main sur les mâchoires de Mandred.
La porte s’ouvrit en grinçant et Rolf jeta un œil de dessous l’établi, curieux malgré lui, pour savoir qui pouvait bien travailler dans un tel lieu. Les silhouettes voûtées qu’il avait suivies jusqu’ici pénétrèrent dans la chambre, vêtues de longues chasubles à capuchon comme celles des novices de l’église de Sigmar, mais ceux-ci empestaient comme si on les avait ôtées à des cadavres de dix jours. Les mains agitées de la plus grande étaient croisées sur sa poitrine dans les manches de sa robe, cliquetant comme si de longues griffes ou des serres s’étaient entrechoquées impatiemment.
L’autre silhouette portait un paquet enveloppé d’étoffe et ficelé. Elle le laissa tomber sur la longue table maculée de sang avant de suivre obséquieusement son maître. Les deux personnes commencèrent à s’entretenir dans une langue pleine de couinement et de pépiements aigus, et Rolf fit une prière silencieuse à Sigmar pour qu’il le délivre de ces démons. Ils émettaient une ignoble puanteur, mélange d’animal malade et de relents d’égouts, et Mandrer se débattait vigoureusement pour lui échapper.
La plus grande des deux silhouettes glissa les mains hors de sa robe et Rolf vit qu’elles étaient recouvertes de bandages suppurants. Ses doigts étaient recouverts de tubes de cuivre jaune, d’anneaux qui cliquetaient et d’appareils qui vrombissaient et ressemblaient aux outils d’un horloger. Une fine lame semblable au scalpel d’un chirurgien barbier sortit du bout de son doigt et trancha net la ficelle qui attachait la paquet posé sur la table. Rolf sentit son estomac lui remonter à la gorge et étouffa un hoquet d’horreur quand l’étoffe tomba et qu’il vit un bras monstrueusement musclé, de toute évidence trop massif pour avoir été celui d’un homme.
Le bras était recouvert d’une épaisse fourrure noire et les doigts charnus étaient terminés par des griffes incrustées de saleté qui semblaient capables d’éventer un bœuf. Le membre avait été coupé net et le renflement bulbeux d’un os poli en dépassait. La grande silhouette se pencha sur le bras tandis que le scalpel se rétractait et que plusieurs instruments cliquetants semblables à des forceps émergeaient du bout de ses doigts.
Horrifié, Rolf relâcha un peu sa prise sur Mandred et le petit terrier se libéra, bondissant hors de leur cachette. Rolf tenta de rattraper le petit chien, mais il était trop tard Mandred se glissa de derrière l’établi et se précipita sur les silhouettes, aboyant silencieusement et faisant claquer ses mâchoires. Sans réfléchir, Rolf se dressa sur ces pieds, oubliant sa propre sécurité dans son désir de sauver son chien.
Mandred se jeta sur la silhouette la plus proche, celle qui avait porté le bras, et referma sa petit mâchoire sur sa cheville. La silhouette encapuchonnée sursauta en poussant un couinement de surprise. Elle fit volte-face sous sa robe, un hideux appendice hérissé de poils drus sur toute sa longueur segmentée comme un vert. La silhouette s’agita pour tenter de déloger le chien enragé. Ce faisant, son capuchon tomba sur ses épaules et Rolf en resta paralysé sur place comme si on venait de lui mettre un bon coup de poing dans le ventre.
Il ne s’agissait pas de la tête d’un homme, mais de celle d’un répugnant rat long museau, et dont les dents gâtées claquèrent de douleur. Ses yeux étaient d’un jaune malsain, et sa fourrure galeuse et décolorée.
Comme tous les chasseurs de rats, Rolf avait entendu parler des soi-disant hommes-rats des égouts, mais in n’en avait jamais cru un mot. Ces racontars servaient à effrayer les bleus ou à rire un bon coup autour d’une bière à l’auberge des Potences.
Mais tout ceci était affreusement réel.
Il s’appuya sur l’établi en sentant ses jambes se dérober sous le coup de la terreur que lui inspiraient les créatures.
Mandred mordit et griffa la chose-rat tandis que la deuxième silhouette quittait son ouvrage des yeux. Rolf vit que sous sa capuche, celle-là aussi ressemblait à un rongeur géant. Le rat portait des sortes de bésicles cerclées de cuivre qui grossissaient ses yeux jaunes maladifs, et il semblait plus irrité que courroucé par cette agression soudaine. La première chose-rat tendit le bras et arracha Mandred du sol en tirant une longue dague de sa ceinture de corde.
Rolf fut tiré de sa paralysie en voyant son chien en danger.
Il chercha son couteau à écorcher, mais avant de le dégainer, il vit une bien meilleure arme.
Le long fusil bizarre était toujours posé sur l’établi parmi l’amoncellement de papiers et de cubes d’os, et Rolf le ramassa et le cala contre son épaule comme il avait vu le sergent Mueller le faire quand il faisait la démonstration du tout nouveau tromblon de sa tour de guet. Les cubes d’os tombèrent au sol dans un tintement sec et curieusement désagréable.
La chose-rat poussa un cri aigu et Rolf dit :
_ Lâche mon chien ou je te fais éclater la tête.
Sa voix était étonnamment calme alors que son cœur battait la chamade. Il n’avait jamais utilisé ce genre d’arme et ne savait même pas si elle était chargée. La tenait-il seulement comme il fallait, et se passerait-il vraiment quelque chose s’il appuyait sur la gâchette ?
Il ne pouvait se permettre de raisonner de la sorte. Il voulait simplement récupérer son chien et sortir d’ici vivant.
Les choses-rats lui jetèrent des regards curieux et Rolf crut percevoir une lueur d’amusement dans les yeux de celui qui portait les lunettes. L’autre maintint Mandred sur l’état de boucher, son couteau dentelé toujours à quelques centimètres du cou du terrier. Rolf pointa le long fusil sur la chose-rat qui tenait Mandred
_ Je ne sais pas si vous me comprenez, mais je vous le dirai pas deux fois : si vous lâchez pas votre lardoire, je vous descends, pour sûr que je le fait.
Il s’avança d’un pas, sentit les cubes d’os sous on pied et baissa les yeux.
Pendant ce moment d’inattention, la chose-rat aux lunettes bondit par-dessus l’étal de boucher, plus vive et plus agile que Rolf n’aurait jamais pu l’imaginer. Une longue dague étincelait dans son poing. Le rat géant était rapide, d’une vivacité inhumaine, mais Rolf n’avait qu’à presser la détente.
Quand il appuya, une rafale de lumière verte jaillit de l’arme tandis que le mécanisme de mise à feu lui explosait à la figure , Rolf hurla et tomba à terre, le visage enveloppé de flammes d’émeraude qui coulaient sur sa peau comme un liquide. La douleur était incroyable, mais malgré cette souffrance atroce, il vit les cubes d’os éparpillés à ces pieds. Chacun d’ente eux affichait le même résultat, comme s’ils avaient été lancés pas le joueur le plus chanceux du monde. Mais Rolf savait au fond de ses tripes que les étoiles noires à huit branches que chaque dé affichait n’avaient rien à voir avec la chance.
Il sentit des mains rudes le saisir et le faire rouler sur le dos.
La créature au regard malveillant le fixait, la haine de ses yeux bilieux amplifiée par ls verres cerclés de bronze.
_ Oui, oui, dit-elle en posant son couteau sur la gorge de Rolf. Vite, vite, chose-homme devrait pas là. Chose-homme sait pas faire tirer jezzail. Cassé ! Pas bien, pas bien. Chose-homme mourir ici.
La chose le hissa pour le remettre debout, étonnamment forte pour une créature aussi voûtée, et elle le posa sur la longue table.
_ Lui pas nourriture pour nuée, non, non, dit-elle en brandissant le scalpel et les forceps du bout de ses doigts. Viande chose-homme servir pour expériences…
Le trou dans le mur par lequel il était entré se trouvait bien trop loin : il ne l’atteindrait pas à temps. Rolf chercha une cachette. Il y avait nombre d’endroits obscurs dans la chambre, mais aucun qui l’attirât vraiment. Sachant qu’il n’avait que quelques secondes, Rolf se terra sous l’établi encombré, plaquant une main sur les mâchoires de Mandred.
La porte s’ouvrit en grinçant et Rolf jeta un œil de dessous l’établi, curieux malgré lui, pour savoir qui pouvait bien travailler dans un tel lieu. Les silhouettes voûtées qu’il avait suivies jusqu’ici pénétrèrent dans la chambre, vêtues de longues chasubles à capuchon comme celles des novices de l’église de Sigmar, mais ceux-ci empestaient comme si on les avait ôtées à des cadavres de dix jours. Les mains agitées de la plus grande étaient croisées sur sa poitrine dans les manches de sa robe, cliquetant comme si de longues griffes ou des serres s’étaient entrechoquées impatiemment.
L’autre silhouette portait un paquet enveloppé d’étoffe et ficelé. Elle le laissa tomber sur la longue table maculée de sang avant de suivre obséquieusement son maître. Les deux personnes commencèrent à s’entretenir dans une langue pleine de couinement et de pépiements aigus, et Rolf fit une prière silencieuse à Sigmar pour qu’il le délivre de ces démons. Ils émettaient une ignoble puanteur, mélange d’animal malade et de relents d’égouts, et Mandrer se débattait vigoureusement pour lui échapper.
La plus grande des deux silhouettes glissa les mains hors de sa robe et Rolf vit qu’elles étaient recouvertes de bandages suppurants. Ses doigts étaient recouverts de tubes de cuivre jaune, d’anneaux qui cliquetaient et d’appareils qui vrombissaient et ressemblaient aux outils d’un horloger. Une fine lame semblable au scalpel d’un chirurgien barbier sortit du bout de son doigt et trancha net la ficelle qui attachait la paquet posé sur la table. Rolf sentit son estomac lui remonter à la gorge et étouffa un hoquet d’horreur quand l’étoffe tomba et qu’il vit un bras monstrueusement musclé, de toute évidence trop massif pour avoir été celui d’un homme.
Le bras était recouvert d’une épaisse fourrure noire et les doigts charnus étaient terminés par des griffes incrustées de saleté qui semblaient capables d’éventer un bœuf. Le membre avait été coupé net et le renflement bulbeux d’un os poli en dépassait. La grande silhouette se pencha sur le bras tandis que le scalpel se rétractait et que plusieurs instruments cliquetants semblables à des forceps émergeaient du bout de ses doigts.
Horrifié, Rolf relâcha un peu sa prise sur Mandred et le petit terrier se libéra, bondissant hors de leur cachette. Rolf tenta de rattraper le petit chien, mais il était trop tard Mandred se glissa de derrière l’établi et se précipita sur les silhouettes, aboyant silencieusement et faisant claquer ses mâchoires. Sans réfléchir, Rolf se dressa sur ces pieds, oubliant sa propre sécurité dans son désir de sauver son chien.
Mandred se jeta sur la silhouette la plus proche, celle qui avait porté le bras, et referma sa petit mâchoire sur sa cheville. La silhouette encapuchonnée sursauta en poussant un couinement de surprise. Elle fit volte-face sous sa robe, un hideux appendice hérissé de poils drus sur toute sa longueur segmentée comme un vert. La silhouette s’agita pour tenter de déloger le chien enragé. Ce faisant, son capuchon tomba sur ses épaules et Rolf en resta paralysé sur place comme si on venait de lui mettre un bon coup de poing dans le ventre.
Il ne s’agissait pas de la tête d’un homme, mais de celle d’un répugnant rat long museau, et dont les dents gâtées claquèrent de douleur. Ses yeux étaient d’un jaune malsain, et sa fourrure galeuse et décolorée.
Comme tous les chasseurs de rats, Rolf avait entendu parler des soi-disant hommes-rats des égouts, mais in n’en avait jamais cru un mot. Ces racontars servaient à effrayer les bleus ou à rire un bon coup autour d’une bière à l’auberge des Potences.
Mais tout ceci était affreusement réel.
Il s’appuya sur l’établi en sentant ses jambes se dérober sous le coup de la terreur que lui inspiraient les créatures.
Mandred mordit et griffa la chose-rat tandis que la deuxième silhouette quittait son ouvrage des yeux. Rolf vit que sous sa capuche, celle-là aussi ressemblait à un rongeur géant. Le rat portait des sortes de bésicles cerclées de cuivre qui grossissaient ses yeux jaunes maladifs, et il semblait plus irrité que courroucé par cette agression soudaine. La première chose-rat tendit le bras et arracha Mandred du sol en tirant une longue dague de sa ceinture de corde.
Rolf fut tiré de sa paralysie en voyant son chien en danger.
Il chercha son couteau à écorcher, mais avant de le dégainer, il vit une bien meilleure arme.
Le long fusil bizarre était toujours posé sur l’établi parmi l’amoncellement de papiers et de cubes d’os, et Rolf le ramassa et le cala contre son épaule comme il avait vu le sergent Mueller le faire quand il faisait la démonstration du tout nouveau tromblon de sa tour de guet. Les cubes d’os tombèrent au sol dans un tintement sec et curieusement désagréable.
La chose-rat poussa un cri aigu et Rolf dit :
_ Lâche mon chien ou je te fais éclater la tête.
Sa voix était étonnamment calme alors que son cœur battait la chamade. Il n’avait jamais utilisé ce genre d’arme et ne savait même pas si elle était chargée. La tenait-il seulement comme il fallait, et se passerait-il vraiment quelque chose s’il appuyait sur la gâchette ?
Il ne pouvait se permettre de raisonner de la sorte. Il voulait simplement récupérer son chien et sortir d’ici vivant.
Les choses-rats lui jetèrent des regards curieux et Rolf crut percevoir une lueur d’amusement dans les yeux de celui qui portait les lunettes. L’autre maintint Mandred sur l’état de boucher, son couteau dentelé toujours à quelques centimètres du cou du terrier. Rolf pointa le long fusil sur la chose-rat qui tenait Mandred
_ Je ne sais pas si vous me comprenez, mais je vous le dirai pas deux fois : si vous lâchez pas votre lardoire, je vous descends, pour sûr que je le fait.
Il s’avança d’un pas, sentit les cubes d’os sous on pied et baissa les yeux.
Pendant ce moment d’inattention, la chose-rat aux lunettes bondit par-dessus l’étal de boucher, plus vive et plus agile que Rolf n’aurait jamais pu l’imaginer. Une longue dague étincelait dans son poing. Le rat géant était rapide, d’une vivacité inhumaine, mais Rolf n’avait qu’à presser la détente.
Quand il appuya, une rafale de lumière verte jaillit de l’arme tandis que le mécanisme de mise à feu lui explosait à la figure , Rolf hurla et tomba à terre, le visage enveloppé de flammes d’émeraude qui coulaient sur sa peau comme un liquide. La douleur était incroyable, mais malgré cette souffrance atroce, il vit les cubes d’os éparpillés à ces pieds. Chacun d’ente eux affichait le même résultat, comme s’ils avaient été lancés pas le joueur le plus chanceux du monde. Mais Rolf savait au fond de ses tripes que les étoiles noires à huit branches que chaque dé affichait n’avaient rien à voir avec la chance.
Il sentit des mains rudes le saisir et le faire rouler sur le dos.
La créature au regard malveillant le fixait, la haine de ses yeux bilieux amplifiée par ls verres cerclés de bronze.
_ Oui, oui, dit-elle en posant son couteau sur la gorge de Rolf. Vite, vite, chose-homme devrait pas là. Chose-homme sait pas faire tirer jezzail. Cassé ! Pas bien, pas bien. Chose-homme mourir ici.
La chose le hissa pour le remettre debout, étonnamment forte pour une créature aussi voûtée, et elle le posa sur la longue table.
_ Lui pas nourriture pour nuée, non, non, dit-elle en brandissant le scalpel et les forceps du bout de ses doigts. Viande chose-homme servir pour expériences…
Dernière édition par LinksLeChat le Ven 11 Mai - 20:47, édité 1 fois
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Certains peuples vouent un culte à l'argent au commerce, d'autres ne vivent que par la mécanique, d'autres encore se complaisent dans la conquête et la guerre. Croyez-moi, un marin au long cours aura l'occasion de voir bien des choses étranges au cours de ses voyages !
Hual Bouffeur d'Ecume
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Date d'inscription : 08/03/2012
Age : 44
Localisation : là où le vent me porte
Re: Histoire d’un chasseur de rats
Rolf ouvrit des yeux collés et rendus gluants par des larmes, et un grognement de douleur lui échappa. Pendant un moment, il ne se rappela plus où il était, puis ses yeux firent le point sur le plafond voûté et luisant de la salle et il sentit l’odeur de viande brûlée et de sang croupi de l’étal de boucher. Des souvenirs fragmentés des dernières heures lui revinrent et il roula sur le côté avec des hauts le cœur, s’efforçant de réprimer ce qu’il espérait n’être qu’un cauchemar.
Il était étendu au centre d’une cage de fer, toujours vêtu de ses haillons de chasseur de rats, la jambe enchaînée au mur par des fers. Le sol était recouvert de paille moisie et humide de sang. Il cracha un filet de mucosités pour chasser le goût âcre de sa bouche, et se demanda pourquoi il était encore en vie. Que lui voulaient les hommes-rats ?
Quoi qu’il en soit, ils étaient partis et cela lui suffisait.
Son visage lui faisait mal là où le feu vert l’avait brûlé, et il leva la main pour se toucher la joue.
La bouche de Rolf s’étendit en une grimace d’horreur silencieuse quand il vit que son bras droit était maintenant musclé et couvert de fourrure noire et drue. Le bras lui obéissait, les doits se tendant et se crispant à volonté, mais ce n’était pas le sien. Rolf se tourna vers la table de boucher en se souvenant du paquet que la chose-rat voûtée avait apporté. Il fixa le bras avec horreur, distinguant désormais les affreuses sutures et les charnières de bronze qui lui barraient l’épaule là où le membre grotesque avait été attaché.
Il tira sur les points de suture, mais celui qui lui avait greffé ce nouveau membre avait fait du bon travail : ils résistèrent à ses ongles fébriles. Epuisé et horrifié, il se roula en boule contre les barreaux de la cage, sanglotant à l’idée de l’abominable traitement qu’on lui avait fait subir. Le nouveau bras était lourd et il sentait la corruption dans son sang. Rolf se pris la tête dans les mains qui était encore la sienne et se mit à pleurer, craignant le moment où ses ravisseurs reviendraient pour le tuer ou infliger d’autres horreurs à son corps. Entre deux sanglots, un bruit étrange parvint peu à peu à tirer Rolf de son abattement : une série de sifflements, comme le soupir d’agonie d’un vieillard victime de putréfaction pulmonaire. Rolf reconnu immédiatement ce son et leva les yeux pour voir une petite forme familière accroupie dans un tas de briques près du trou dans le mur.
_ Mandred ! dit Rolf, éprouvant un absurde soulagement à l’idée que son petit ratier avait échappé aux hommes-rats.
Le chien s'avança à pas feutrés jusqu’à la cage de Rolf, humant l’air d’un air soupçonneux et gardant l’œil sur la porte de l’autre côté de la salle.
_ Tout va bien, petit gars, ils sont partis, dit Rolf en tendant son bras humain vers le chien.
Mandred se faufila entre les barreaux et Rolf caressa sa tête galeuse. Il n’avait jamais été plus reconnaissant de voir une tête amicale. Madred poussa un aboiement silencieux, son moignon de queue s’agitent, tandis qu’il courait en rond devant les barreaux de la cage.
_ Je ne peux pas passer, mon gars, dit Rolf en levant son nouveau bras monstrueux. Et je suis pas sûr d’être bien reçut à la surface maintenant. Le Guet pourrait aussi bien me faire prendre ou trouver un répurgateur pour me brûler. Non, je vais plus nulle part, maintenant.
Rolf aperçut quelque chose sur le sol, derrière les barreaux de la cage, et ses yeux se rétrécirent quand il vit les cubes d’os qui étaient tombés par terre quand il s’était emparé du long fusil. Un plan commença à prendre forme dans son esprit et il s’avança aussi loin que les fers qui le retenaient au mur le lui permettaient.
Il tendit son grotsque nouveau bras, poussant aussi loin qu’il le pouvait, ses doits griffus éraflant le sol de pierre en tentant de toucher les cubes les plus proches. La plus longue griffe accrocha le bord d’un des cubes qui roula sur une autre face, dissimulant l’étoile noire et révélant un symbole en forme de marteau. Il le rattrapa et le dé en heurta en deuxième. Les deux cubes roulèrent vers lui.
Rolf les recueillit triomphalement et se reposa contre les barreaux.
_ Je peux pas sortir d’ici, mon gars, dit Rolf, mais toi si.
Rolf fouilla son gilet et en retira de sa poche dissimulée sous son aisselle. Il retira le contenu du petit sac et y plaça les deux cubes. Il attacha rapidement le sac au collier autour du cou de Mandred et lui tapota affectueusement la tête une dernière fois avant de le pousser à travers les barreaux de la cage.
_ Aller, vas-y, petit gars, dit-il. Remonte à la surface. Emporte ces saloperies au sergent Mueller, montre-lui ce qu’il y a ii et ramène-le. Qu’il vienne brûler cette bande de rats.
Mandred poussa un dernier aboiement silencieux et s’écarta de la cage. Mais le chien se contentait de fixer Rolf et ne voulait pas bouger, quoi qu’il fasse pour l’éloigner.
Allez, espèce d’idiot de clébard ! cria Rolf. Sors d’ici avant qu’ils ne reviennent !
Mandred s’assit devant lui et inclina la tête de côté.
C’est alors que la porte du fond de la salle s’ouvrit dans un grincement de bois contre la pierre, et Mandred dévoila ses crocs quand la silhouette encapuchonnée qui avait des couteaux en guise de doigts entra.
Cette fois, le chien n’eut pas besoin d’encouragements et s’élança vers le trou du mur qui débouchait sur les égouts. La chose-rat vit le chien et poussa un couinement furieux en s’élançant vers la table de boucher dans un véritable tintamarre de lames digitales. Mandred courait aussi vite qu’il pouvait, mais il n’avait aucune chance de distancer la chose-rat.
Rolf lança ci qu’il avait dans son petit sac à travers les barreaux de la cage, espérant contre toute logique que la chance allait tourner. Les trois chausse-trappes émirent un tintement musical en atterrissant et en se positionnant, pointe dressée.
La chose-rat marcha sur le plus proche et la pointe rouillée se planta dans son pied. La créature tomba au sol en poussant un hurlement de douleur aigu, roulant sur une autre pointe. Ses couinements désespérés étaient douce musique aux oreilles de Rolf.
Mandred décampa par le trou et, avec un dernier regard en arrière, disparut dans les tunnels. Rolf poussa un hourra tandis que son chien s’échappait et recula des barreaux quand la chose-rat se remit sur pied.
_ Tu vas cramer, le mondtre, dit Rolf. Une fois qu’il aura été les chercher, c’est les répurgateurs qui te tomberont sur le coin du museau.
La chose-rat ne répondit pas, tirant simplement un pistolet à silex de sa ceinture et visant Rolf. De la fumée verte s’échappa du canon et Rolf espéra simplement que l’arme explose dans les griffes de la créature.
_ Chose-homme plus utile maintenant, dit-elle pressant la détente...
Il était étendu au centre d’une cage de fer, toujours vêtu de ses haillons de chasseur de rats, la jambe enchaînée au mur par des fers. Le sol était recouvert de paille moisie et humide de sang. Il cracha un filet de mucosités pour chasser le goût âcre de sa bouche, et se demanda pourquoi il était encore en vie. Que lui voulaient les hommes-rats ?
Quoi qu’il en soit, ils étaient partis et cela lui suffisait.
Son visage lui faisait mal là où le feu vert l’avait brûlé, et il leva la main pour se toucher la joue.
La bouche de Rolf s’étendit en une grimace d’horreur silencieuse quand il vit que son bras droit était maintenant musclé et couvert de fourrure noire et drue. Le bras lui obéissait, les doits se tendant et se crispant à volonté, mais ce n’était pas le sien. Rolf se tourna vers la table de boucher en se souvenant du paquet que la chose-rat voûtée avait apporté. Il fixa le bras avec horreur, distinguant désormais les affreuses sutures et les charnières de bronze qui lui barraient l’épaule là où le membre grotesque avait été attaché.
Il tira sur les points de suture, mais celui qui lui avait greffé ce nouveau membre avait fait du bon travail : ils résistèrent à ses ongles fébriles. Epuisé et horrifié, il se roula en boule contre les barreaux de la cage, sanglotant à l’idée de l’abominable traitement qu’on lui avait fait subir. Le nouveau bras était lourd et il sentait la corruption dans son sang. Rolf se pris la tête dans les mains qui était encore la sienne et se mit à pleurer, craignant le moment où ses ravisseurs reviendraient pour le tuer ou infliger d’autres horreurs à son corps. Entre deux sanglots, un bruit étrange parvint peu à peu à tirer Rolf de son abattement : une série de sifflements, comme le soupir d’agonie d’un vieillard victime de putréfaction pulmonaire. Rolf reconnu immédiatement ce son et leva les yeux pour voir une petite forme familière accroupie dans un tas de briques près du trou dans le mur.
_ Mandred ! dit Rolf, éprouvant un absurde soulagement à l’idée que son petit ratier avait échappé aux hommes-rats.
Le chien s'avança à pas feutrés jusqu’à la cage de Rolf, humant l’air d’un air soupçonneux et gardant l’œil sur la porte de l’autre côté de la salle.
_ Tout va bien, petit gars, ils sont partis, dit Rolf en tendant son bras humain vers le chien.
Mandred se faufila entre les barreaux et Rolf caressa sa tête galeuse. Il n’avait jamais été plus reconnaissant de voir une tête amicale. Madred poussa un aboiement silencieux, son moignon de queue s’agitent, tandis qu’il courait en rond devant les barreaux de la cage.
_ Je ne peux pas passer, mon gars, dit Rolf en levant son nouveau bras monstrueux. Et je suis pas sûr d’être bien reçut à la surface maintenant. Le Guet pourrait aussi bien me faire prendre ou trouver un répurgateur pour me brûler. Non, je vais plus nulle part, maintenant.
Rolf aperçut quelque chose sur le sol, derrière les barreaux de la cage, et ses yeux se rétrécirent quand il vit les cubes d’os qui étaient tombés par terre quand il s’était emparé du long fusil. Un plan commença à prendre forme dans son esprit et il s’avança aussi loin que les fers qui le retenaient au mur le lui permettaient.
Il tendit son grotsque nouveau bras, poussant aussi loin qu’il le pouvait, ses doits griffus éraflant le sol de pierre en tentant de toucher les cubes les plus proches. La plus longue griffe accrocha le bord d’un des cubes qui roula sur une autre face, dissimulant l’étoile noire et révélant un symbole en forme de marteau. Il le rattrapa et le dé en heurta en deuxième. Les deux cubes roulèrent vers lui.
Rolf les recueillit triomphalement et se reposa contre les barreaux.
_ Je peux pas sortir d’ici, mon gars, dit Rolf, mais toi si.
Rolf fouilla son gilet et en retira de sa poche dissimulée sous son aisselle. Il retira le contenu du petit sac et y plaça les deux cubes. Il attacha rapidement le sac au collier autour du cou de Mandred et lui tapota affectueusement la tête une dernière fois avant de le pousser à travers les barreaux de la cage.
_ Aller, vas-y, petit gars, dit-il. Remonte à la surface. Emporte ces saloperies au sergent Mueller, montre-lui ce qu’il y a ii et ramène-le. Qu’il vienne brûler cette bande de rats.
Mandred poussa un dernier aboiement silencieux et s’écarta de la cage. Mais le chien se contentait de fixer Rolf et ne voulait pas bouger, quoi qu’il fasse pour l’éloigner.
Allez, espèce d’idiot de clébard ! cria Rolf. Sors d’ici avant qu’ils ne reviennent !
Mandred s’assit devant lui et inclina la tête de côté.
C’est alors que la porte du fond de la salle s’ouvrit dans un grincement de bois contre la pierre, et Mandred dévoila ses crocs quand la silhouette encapuchonnée qui avait des couteaux en guise de doigts entra.
Cette fois, le chien n’eut pas besoin d’encouragements et s’élança vers le trou du mur qui débouchait sur les égouts. La chose-rat vit le chien et poussa un couinement furieux en s’élançant vers la table de boucher dans un véritable tintamarre de lames digitales. Mandred courait aussi vite qu’il pouvait, mais il n’avait aucune chance de distancer la chose-rat.
Rolf lança ci qu’il avait dans son petit sac à travers les barreaux de la cage, espérant contre toute logique que la chance allait tourner. Les trois chausse-trappes émirent un tintement musical en atterrissant et en se positionnant, pointe dressée.
La chose-rat marcha sur le plus proche et la pointe rouillée se planta dans son pied. La créature tomba au sol en poussant un hurlement de douleur aigu, roulant sur une autre pointe. Ses couinements désespérés étaient douce musique aux oreilles de Rolf.
Mandred décampa par le trou et, avec un dernier regard en arrière, disparut dans les tunnels. Rolf poussa un hourra tandis que son chien s’échappait et recula des barreaux quand la chose-rat se remit sur pied.
_ Tu vas cramer, le mondtre, dit Rolf. Une fois qu’il aura été les chercher, c’est les répurgateurs qui te tomberont sur le coin du museau.
La chose-rat ne répondit pas, tirant simplement un pistolet à silex de sa ceinture et visant Rolf. De la fumée verte s’échappa du canon et Rolf espéra simplement que l’arme explose dans les griffes de la créature.
_ Chose-homme plus utile maintenant, dit-elle pressant la détente...
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Re: Histoire d’un chasseur de rats
Rudi et Willi regardaient le petit chien s’extraire de la buse d’excavation d’où les eaux usées se déversaient dans le fleuve, au bord des docks. Le chien s’ébroua pour débarrasser son pelage en bataille de la vase et des immondices des tunnels avant de se retourner pour leur faire face. Il agita une queue raccourcie et se hissa vers la bordure du quai où étaient assis les deux gamins crasseux.
_ Je veux juste voir comment qu’y s’appelle, dit Rudi en ébouriffant les poils de la tête de Mandred et en regardant son collier.
_ Pourquoi ?
_ Parce que.
_ Ben d’accord alors, dit Willi. Alors, c’est quoi son nom ?
_ Chai pas, dit Rudi. Il a pas de plaque, juste un petit sac.
_ Y a quèqu’chose dedans ?
_ Laisse moi l’temps de souffler et on verra. Répondit sèchement Rudi.
Il détacha la poche du cou du chien et laissa tomber deux cubes en os dans sa main.
_ C’est quoi, ces affaires-là ?
_ Chais pas, dit Rudi. Tu crois qu’on devrait le garder, ce petit gars ?
_ Qu’est-ce que tu veux faire d’un cabot, Rudi ? demanda Willi. On a déjà pas de quoi manger à nous deux, alors tu penses, avec un clébard galeux comme ça…
_ Je sais, mais y pourrait peut-être nous choper des rats, chuis sûr qu’y ferait un bon ratier.
Willi jeta un regard sceptique au terrier qui se débattait dans les mains de Rudi et fit tomber les cubes de sa main.
Ils tintèrent sur le pavé du quai. L’un d’entre eux afficha un marteau tandis que l’autre montrait un symbole en forme d’aigle, comme ceux que Willi avait vus sur l’uniforme de certains soldats d’Aldorf.
_ J’ai une meilleure idée. dit Willi en prenant le chien des mains de Rudi et en désignant la rue où un homme obèse en tablier graisseux vendait ses produits à la criée. C’est Godrun le Tourtier Y nous en donnera ien quèqu’sous de cuivre…
_ Je veux juste voir comment qu’y s’appelle, dit Rudi en ébouriffant les poils de la tête de Mandred et en regardant son collier.
_ Pourquoi ?
_ Parce que.
_ Ben d’accord alors, dit Willi. Alors, c’est quoi son nom ?
_ Chai pas, dit Rudi. Il a pas de plaque, juste un petit sac.
_ Y a quèqu’chose dedans ?
_ Laisse moi l’temps de souffler et on verra. Répondit sèchement Rudi.
Il détacha la poche du cou du chien et laissa tomber deux cubes en os dans sa main.
_ C’est quoi, ces affaires-là ?
_ Chais pas, dit Rudi. Tu crois qu’on devrait le garder, ce petit gars ?
_ Qu’est-ce que tu veux faire d’un cabot, Rudi ? demanda Willi. On a déjà pas de quoi manger à nous deux, alors tu penses, avec un clébard galeux comme ça…
_ Je sais, mais y pourrait peut-être nous choper des rats, chuis sûr qu’y ferait un bon ratier.
Willi jeta un regard sceptique au terrier qui se débattait dans les mains de Rudi et fit tomber les cubes de sa main.
Ils tintèrent sur le pavé du quai. L’un d’entre eux afficha un marteau tandis que l’autre montrait un symbole en forme d’aigle, comme ceux que Willi avait vus sur l’uniforme de certains soldats d’Aldorf.
_ J’ai une meilleure idée. dit Willi en prenant le chien des mains de Rudi et en désignant la rue où un homme obèse en tablier graisseux vendait ses produits à la criée. C’est Godrun le Tourtier Y nous en donnera ien quèqu’sous de cuivre…
FIN
Graham McNeill
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Certains peuples vouent un culte à l'argent au commerce, d'autres ne vivent que par la mécanique, d'autres encore se complaisent dans la conquête et la guerre. Croyez-moi, un marin au long cours aura l'occasion de voir bien des choses étranges au cours de ses voyages !
Hual Bouffeur d'Ecume
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